J’ai eu l’opportunité de passer quelque temps à Calais, au début de cette terrible semaine, quand il y avait encore de l’espoir que les choses puissent s’ améliorer pour plus de 1000 enfants du camp. Ils étaient pris en charge par des bénévoles, et faisaient face à la menace de perdre la seule maison qui leur restait.
Les bénévoles
Le temps que j’ai passé à Calais, je l’ai passé à travailler dans un entrepôt où les dons sont acceptés, triés, distribués aux résidents du camp par des bénévoles.
Beaucoup de bénévoles étaient présents depuis longtemps, vivant dans l’ entrepôt dans des conditions peu différentes de celles des réfugiés dans le camp. Ils ont travaillé très dur afin d’assurer sécurité et confort pour ceux vivant dans le camp. Ils connaissaient ces personnes, leurs histoires, leurs espoirs et peurs. Ils étaient anxieux par rapport à ce qui allait se passer les jours suivants, ainsi que tristes car les personnes qu’ils avaient appris à connaître allaient partir pour un futur incertain.
J’ai rencontré de jeunes personnes qui ont dédié leur temps à aider les moins fortunés. Certains étaient présents uniquement pour quelques jours, d’autres pour quelques mois. Certains ont abandonné leurs carrières pour faire ce travail. Je ne pense n’avoir jamais vu autant de tatouages, piercings et dreadlocks dans un seul endroit, ni autant d’abnégation : ils travaillaient pendant de longues heures, souvent avec peu de sommeil. Ma mère aurait peut être changé de trottoir dans la rue afin d’éviter des les croiser. À Calais, ils procuraient de l’espoir pour le futur.
Lundi, le premier jour de l’ évacuation, les bénévoles ont travaillé à garder les habitants du camp informés de ce qui allait se passer et de ce qu’ils devaient faire. Quand les jours suivants il devenait clair que les enfants allaient être logés dans des containers de frêt, avec aucune visibilité sur leur futur, les messages WhatsApp entre volontaires devinrent de plus en plus frénétiques.
L’ entrepôt
Dans cet entrepôt, plus de 2500 repas sont préparés chaque jour à partir de nourriture donnée. Des plats chauds sont servis, et des colis de nourriture à cuisiner sont distribués par des bénévoles.
Dans une autre section de cet entrepôt, des habits sont triés et mis dans des sacs-à-dos et valises. Les bénévoles voulaient s’assurer que chacun dans le camp ait un manteau chaud avec une capuche comme protection contre la pluie, ainsi que des gants et un sac-à-dos ou une valise dans lesquels mettre leurs quelques possessions avant qu’ils soient forcés de quitter le camp.
La ville
Le jour où l’évacuation du camp a commencé, j’ai quitté l’hôtel pour ce qui aurait dû être un trajet de 15 minutes. Cela a pris une heure. Les routes étaient bloquées et les voitures contrôlées ; j’étais consciente de mon privilège de vieille dame blanche, qui m’a permis de passer sans être inquiétée.
J’ai vu beaucoup de jeunes hommes traverser les rues avec des manteaux à capuche (check !), des gants (check !) et des sacs-à-dos (check !), donnés par des personnes de l’Europe entière. Ils ont quitté le camp pour un futur incertain, choisissant de ne pas attendre les bus qui les auraient amenés vers une destination inconnue. Un
e image qui m’a particulièrement touchée était un jeune homme se tenant dans la brume matinale sur un pont surplombant l’autoroute, avec ses deux mains devant lui, priant. Espérant un lieu plus sûr ? Je lui ai souhaité silencieusement “bon voyage “.
Les enfants
Comme j’écris ces lignes, cinq jours après le début de l’évacuation, le camp est détruit, brûlé ou rasé par des bulldozers. La seule chose qui reste est la partie bâtie avec des containers de frêt, abritant entre 1000 et 1500 enfants (les estimations diffèrent).
Ils ont été laissés là par les gouvernements français et britannique, devant se débrouiller seuls au milieu des ruines, sans eau, sans nourriture, sans sanitaires et sans travailleurs sociaux. Ils sont seulement soignés, nourris et protégés par des bénévoles. Ils ont été rejetés par ceux auprès de qui ils étaient venus chercher refuge. Les enfants de Calais.
Kate McNally
(Traduction: Sylvain Chabbal)
– – – – – English